02/11/20 : Courriel déstiné aux élu.e.s territoriaux des CD 68 et 67 et du CRGE, ainsi que les député.e.s et sénateure.trice.s alsaciens
L’implantation d’un entrepôt Amazon à Ensisheim dans le Haut-Rhin risque d’être définitivement validée dans les prochains jours. Le permis de construire de l’entrepôt susceptible d’accueillir Amazon a déjà été signé.
Seule manque l’Autorisation environnementale qui validerait définitivement la possibilité de mettre en route le chantier du plus grand centre logistique d’Amazon en France. Elle pourrait être signée par le préfet dans les prochains jours suite au CODERST (Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et technologiques) qui se tiendra le 5 novembre 2020 à la préfecture de Colmar, où nous manifesterons aussi ensemble notre opposition.
Madame et Messieurs les député.e.s alsaciens,
Mesdames et Messieurs les sénatrices et sénateurs alsaciens,
Messieurs les présidents et mesdames et messieurs les conseiller.e.s
des CD67, CD68, CRGENotre collectif, opposé au projet d’implantation d’Amazon en Alsace, soutenu par une soixantaine d’associations et par la confédération des Commerçants De France (CDF), revient vers vous suite à notre interpellation laissée sans réponse, par la quasi totalité des élus de vos collectivités (à l’exception des rares cités en fin de courrier *).
Nous savons de source sûre que le préfet du Haut-Rhin s’apprête à autoriser le projet d’entrepôt Amazon de 189 000m2 à Ensisheim. Un des plus grands entrepôts du géant de Seattle dans l’hexagone. Dambach-laville dans le Bas-Rhin pourrait accueillir un centre logistique de France de la multinationale Amazon dans un terme prochain (150 000m2).
L’autorisation du projet Amazon Ensisheim intervient dans un contexte critique pour les commerces de proximité non alimentaires, de nouveau fermés. Alors que le secteur prévoit déjà la destruction de 150 000 à 300 000 emplois du fait des réactions en chaîne provoquées par la première fermeture et la non annulation des loyers commerciaux.
Ne commettez pas les même erreurs deux fois : des études très sérieuses en provenance des Etats-Unis révèlent que l’expansion du e-commerce y a provoqué la destruction nette de 670 000 emplois entre 2008 et 2020 (plus d’un million en 2025). Si on applique ce ratio de 4,5 emplois détruits pour 1 créé, la France perdrait 100 000 emplois du fait des nouveaux projets d’Amazon.
Dans ces conditions, est-il normal que les entrepôts d’e-commerce ne soient pas soumis au régime d’autorisation des Chambres départementales d’aménagement commerciale ? Est-il normal que le préfet autorise un projet de cette envergure sans aucune évaluation de son impact sur le chiffre d’affaire des commerces alsaciens et nationaux ? Les commerces qui refusent de fermer, à Eguisheim notamment, seront ravis du mépris qui leur est témoigné par les autorités qui valident le projet Amazon à Ensisheim dans cette période.
Vous pensez sans doute que ce projet n’aura pas d’impact sur l’emploi local, mais il en aura. Il viendra alimenter trois agences Amazon de livraisons de consommateurs du Grand Est : Strasbourg, Woippy et Belfort, et d’autres par la suite, en concurrence directe avec les commerces locaux. Il permettra à Amazon d’offrir la livraison en moins de 24h à toute l’Alsace. Ces agences livreront 90 000 colis par jour dans le Grand Est, avec un chiffre d’affaire de 1662,87 euros par jour par employé, soit 606 947 euros par an, tandis que celui des commerces de proximité est d’environ 272 000€ par an pour 1 ETP.
Vous vous figurez peut-être que ce projet est bon d’un point de vue environnemental car il sera équipé de panneaux solaires sur le toit. Il va entraîner l’importation de plus de 200 millions de produits supplémentaires, à l’heure où le Haut Conseil pour le Climat nous alerte sur le fait que nos émissions des produits que nous importons ont dépassé les émissions du territoire national.
Le CODERST 68 n’a pas encore eu lieu, mais l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale est déjà rédigé avec toutes les dérogations nécessaires. Les contributions à l’enquête publique, toutes opposées au projet, ont été balayées d’un revers de main. Clause de confidentialité, noms de code, négociations à huis clos, élus refusant les débats citoyens, et de répondre à la presse… Ainsi se pratiquent les politiques publiques en Alsace pour favoriser l’implantation d’Amazon, laissant aux électeurs un goût amer quant au fonctionnement non démocratique de nos collectivités, et une image désespérément négative de celles et ceux censés les représenter. Si on voulait piétiner la démocratie on ne s’y prendrait pas autrement.
Mesdames, messieurs, grave est votre mutisme concernant ce dossier aux implications particulièrement lourdes ; dans un contexte où l’urgence climatique a franchi un nouveau cap, où les pandémies risquent de se multiplier et de devenir plus graves : changer de modèle n’est pas un luxe, c’est impératif. Votre inaction intervient, en outre, dans un moment où nous allons connaître le plus grand nombre de faillites jamais comptabilisées dans le secteur du commerce.
Soyez assurés que nous resterons mobilisés et que nous irons à la rencontre de tous les commerces de la région pour leur expliquer la situation.
Le chaudron des alternatives
Notons : Elu.e.s ayant répondu à nos sollicitations en juin au sujet du projet
Amazon de Dambach-la-ville :
- Martine Wonner, députée du Bas-Rhin – opposée au projet /
- Bernard Fischer conseiller départemental du Bas-Rhin nous a répondu au nom de son groupe municipal majoritaire à Obernai – opposé au projet /
- Charles Sitzenstuhl, Conseiller Régional nous a répondu en tant qu’adjoint au maire de Sélestat en nous indiquant qu’il soutenait la position de Marcel Bauer défavorable au projet /
- Fréderic Bierry, président du Conseil départemental du Bas Rhin a accusé réception de notre courrier puis, sur notre demande nous a accueilli en ses locaux le 24 septembre avec Francis Palombi président des Commerçants de France et Alma Dufour représentant l’ONG Les Amis de la Terre. Il ne s’est pas prononcé sur les 2 projets.
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