Projet de remise en navigation touristique du canal du Rhône au Rhin : Communiqué de presse du 14.05.24
Opposition du collectif le Chaudron des alternatives au projet de remise en navigation touristique du Canal du Rhône au Rhin entre Friesenheim et Artzenheim.
Dans la plaine d’Alsace, 24 km d’un canal abandonné à la nature et ré-ensauvagé est menacé d’être ré-ouvert à la navigation de plaisance sous le pilotage de la Région Grand Est : le chaudron des alternatives s’oppose à ce projet.
L’enquête publique est close depuis le 26 avril. Les avis posés y sont majoritairement négatifs. Les conclusions du commissaire enquêteur sont attendues prochainement. Le chantier est prévu pour démarrer en cours d’année.
Une pétition est lancée est atteint 1000 signataires en 10 jours.
Le Chaudron des alternatives demande l’abandon de ce projet qui préside aux ravages continus de la nature et du vivant, et le MAINTIEN EN L’ÉTAT du canal.
Etat des lieux :
Ce canal, alimenté par l’eau du Rhin, a été abandonné depuis 60 ans, concurrencé par la navigation marchande sur le Grand canal d’Alsace. La nature y a repris ses droits. Un écosystème remarquable a ré-ensauvagé le canal, ses abords, et son couvert. La flore et la faune y sont diversifiées et d’une grande richesse, abritant plusieurs espèces protégées ou en voies d’extinction.
Le canal et sa ripisylve forment une continuité de paysages apaisants et luxuriants aux biotopes variés, un écrin de biodiversité qui traverse l’immensité triste des champs céréaliers qui s’étendent à travers l’Alsace.
Joyau de verdure, de silence et de quiétude, le canal est un corridor majeur de la trame verte et bleue protégée (n° C194). Il est longé par la piste cyclable européenne (Vélo Route n°15) reliant les sources du Rhin à la mer du Nord, fréquentée par environ 100 000 cyclistes pas an.



Une grave dégradation à venir de ce joyau de biodiversité.
Pour permettre un retour de la navigation touristique sur 24 km un vaste chantier d’imperméabilisation des 2 digues, de dragage du fond du canal est envisagé.
Les moyens, les matériaux et techniques préconisés pour restituer au canal sa fonction première, entraîneront la coupe d’un nombre considérable d’arbres et du vaste réseau racinaire qui les unit. L’élagage de toute végétation couvrante ou bordante du canal s’imposera pour supprimer le moindre obstacle à la navigation, autorisant le réchauffement de cette masse d’eau large mais peu profonde.
Le rehaussement de son niveau d’eau de près d’1m va ennoyer des centaines d’arbres qui seront sacrifiés.
Sols, berges, mares et îlots humides voisins seront dégradés voire anéantis. Les embâcles refuges ou frayères disparaîtront. Les habitats de nombreuses espèces protégées seront condamnés (poissons, mollusques, oiseaux, reptiles). L’ombre et les aménités qu’offrent le paysage linéaire du canal aux cyclismes et promeneurs s’en verront largement amputées.


Pourquoi nous refusons ce projet :
Une contradiction majeure apparaît entre l’objectif premier de la stratégie nationale des espaces protégés « Développer le réseau d’aires protégées pour atteindre au moins 30% de couverture du territoire national d’ici 2030 » et la dégradation programmée de ce rare espace de biodiversité !
Des retombées économiques et touristiques improbables.
Ce projet de développement du tourisme fluvestre, verdoyant dans sa présentation, a un coût faramineux de 45 millions d’€ d‘argent public partagé par la Région Grand-Est, la collectivité européenne d’Alsace, et par des fonds européens du FEADER… qui a pour vocation initiale de soutenir des projets agricoles, ce qui ne manque pas de nous interpeller. Ainsi chacun des 5 millions de citoyens de la RGE sera appelé à contribuer pour plus de 8€ à ce projet.
Dans les pièces administratives présentant le projet, le déclaratif prend le pas sur une argumentation et évaluation rigoureuse et responsable de l’impact économique et écologique. Le projet ne passe pourtant pas l’analyse et le décryptage qu’a pu en faire notre collectif. A titre d’unique exemple citons l’absence complète de toute compensation prévue en contrepartie de l’abattage des arbres. Oubli absolument invraisemblable aujourd’hui pour un projet de cette dimension.
La remise en navigation du canal est destinée à une minorité de plaisanciers. Un trafic annuel de 5800 bateaux (option moyenne) est spéculé, dans une impasse fluviale… On peine à imaginer l’intérêt d’aller parcourir 24 km qui ne débouchent sur rien, et qui n’offre comme seul débouché que l’accès au port de Colmar par le canal de jonction qui y mène. Il faudra 14 h de navigation et franchir 25 écluses entre Strasbourg et Colmar. Sur ce même canal de Colmar, le seul bateau restaurant touristique, le Napoléon, de la Compagnie de navigation de Vieux Brisach a cessé de naviguer .
A titre de comparaison le canal de la Marne au Rhin est fréquenté par 2100 bateaux par an. Sur la fraction Sud du canal du Rhône au Rhin entre Mulhouse et Belfort le trafic stagne à 350 bateaux, tandis que sur la piste cyclable le longeant on relève un trafic de plus de 50.000 cyclistes et croissant de plus de 10% par an.
Le projet est présenté comme étant d’intérêt économique et touristique avec des retombées économiques annoncées de 6M€/an. Chaque passage des 5800 bateaux devrait générer plus de 1000€ de retombées pour franchir les 24 km ! Qui peut y souscrire ? Par ailleurs lorsqu’un plaisancier dépense 30€/jour, le cyclotouriste en dépense 70€ en moyenne.
La balance des retombées économiques penche donc clairement vers le cyclotourisme. C’est par exemple plusieurs centaines de kms de pistes cyclables en milieu rural, ombragées, sécurisées qu’on pourrait aménager pour cette somme de 45 millions d’euros, répondant à la demande des habitants et générant via ce mode de déplacement des retombées bien supérieures à celles du tourisme fluvestre.
La sauvegarde de tous les oiseaux à protéger dans les deux Zones Natura 2000 voisines par la mise en prairies de 1000 ha pendant 50 ans.
Faut-il, au delà des dégâts concrets prévisibles que nous citons ci-avant, rappeler combien les conditions de vie sur notre planète se dégradent rapidement, combien la biodiversité chute et l’artificialisation de milieux naturels s’accélère ?
Les politiques se trompent d’époque.
L’enquête publique est close depuis le 26 avril. Les avis posés y sont majoritairement négatifs. Les conclusions du commissaire enquêteur sont attendues prochainement. Le chantier est prévu pour démarrer en cours d’année.
Une pétition est lancée est atteint 1000 signataire en 10 jours.
Le Chaudron des alternatives demande l’abandon de ce projet qui préside aux ravages continus de la nature et du vivant, et le MAINTIEN EN L’ETAT du Canal.
Toujours cette haine tenace de la Nature sauvage qu’il faudrait dompter, canaliser, domestiquer… au nom du profit et des ambitions égocentriques de certaines collectivités… NON à la remis en navigation, OUI à la renaturation par l’ensauvagement du site !