[Canal du Rhône au Rhin / Alsace] PETITION EN LIGNE face à un projet de réaménagement fluvial sur 24 kilomètres entre Artzenheim (68) et Friesenheim (67)

Last modified date

Comments: 16

Un projet de remise en navigation du Canal au Rhône au Rhin lequel avait été réensauvagé depuis 60 ans ! Ils sont devenus fous !!! Arrêtons-les !

Encore plus de 40 millions d’euros d’argent public dépensés honteusement par nos élu.e.s de la région, formaté.e.s à la croissance de la destruction de notre environnement, pour un projet qui sous couvert d’un discours verdoyant ne passe pourtant pas l’analyse et le décryptage qu’a pu en faire un lanceur d’alerte qui nous a contacté. 

Le Chaudron des alternatives s’associe pleinement à la critique de ce projet et dénonce une nouvelle fois l’obscénité politique qui préside aux ravages continus de la nature et du vivant.

Nous vous partageons ICI la pétition en ligne contre ce projet, et ci-dessous les informations correspondant à ce dossier. Merci pour votre lecture.

Projet réaménagement du CRR – Texte complet

La remise en navigation du canal du Rhône au Rhin (CRR) Entre Artzenheim (68) et Friesenheim (67)

Un projet :
– sur un tronçon de 24km
– sur un corridor de la trame verte et bleue (C194)
– le long de la piste cyclable européenne, la Vélo Route N°15 reliant les sources du Rhin à la mer du Nord…

La Région Grand-Est nous emmène-t-elle en bateau ?
Pourquoi mettre un terme au ré-ensauvagement de ce canal ??

(vue du bief 64 à partir du bouchon d’Artzenheim)

Creusé entre 1802 et 1832, utilisé pour le transport fluvial, le canal du Rhône au Rhin a cessé son activité commerciale et marchande dans les années 1960.

Peu à peu ses berges se sont arborées, en plus des arbres alignés plantés là pour offrir leur ombre aux haleurs.

Les arbres des deux rives tendent leurs branches par dessus le cours lent des eaux du canal. Les oiseaux, nombreux, 78 espèces répertoriées, transitent ou nichent dans ces milieux devenus favorables et calmes.

Des zones humides, qui sont de précieux milieux écologiques, se sont crées en contrebas des digues, alimentées par la perméabilité des digues qui laissent fuir l’eau.

Malgré ces fuites, l’alimentation en eau assurée essentiellement par une prise d’eau sur le Rhin à Biesheim permet un débit régulier, sans assec, à son aval au nord sur le bief 74.

Le retour des activités humaines

2000 : On envisage la réouverture à la navigation de plaisance afin de réunir Strasbourg à Colmar, sans être contraint de naviguer sur le grand canal d’Alsace. 8 écluses sur 11 sont réhabilitées par des vannes en acier. Puis le projet est arrêté.

2010 : La digue Ouest est bitumée et ouverte à la circulation cycliste de la Vélo route N°15 européenne.

2021 : Après de nouvelles études de faisabilité la Région Grand Est relance le projet de réouverture au trafic fluvial de plaisance.

2024, avril : Période de l’Enquête publique.

2024, avril : Pétition en ligne contre ce projet.

2024, mai : Phase 1 : selon le planning les travaux de «restauration» commenceraient sur les 2 biefs, N°64 & N°74, aux extrémités du tronçon.

2025-2028 : Après une nouvelle étude environnementale, les travaux d’imperméabilisation se poursuivront sur les 23 km des biefs non traités.

(arbres de la berge Ouest en sursis)

Le grand chantier d’imperméabilisation des digues

Afin d’assurer la navigation de péniches hôtel ou de promenades il faut un tirant d’eau (profondeur) de 1m80.

Actuellement la profondeur varie entre 50cm et 1m50.

Ce rehaussement sera permis après la restauration des 3 écluses restantes (sur 11).

Mais par cette élévation de niveau les fuites seront plus importantes et risquent d’abaisser le débit suffisant à la navigation. Or les droits de prise d’eau sur le Rhin ne sont pas illimités. Décision a été d’imperméabiliser les digues par des palplanches en fer sur la digue Est, et une cloison imperméable de 5m50 de profond sous la piste cyclable, réalisée après une tranchée.

Effet secondaire de l’imperméabilisation, les zones humides que la Région veut préserver risquent de s’assécher. Qu’à cela ne tienne : on passera des tuyaux avec des vannes sous la digue pour irriguer les zones humides.

Impact sur la ripisylve (forêt bordante) :

  • chantier : abattage d’arbres sur la rive Est ; section, par la tranchée, des racines des arbres de la digue Ouest ce qui va les fragiliser et les faire dépérir.
  • navigation XXL : Sur les deux rives, les branches par dessus le canal qui font la magie des lieux seront impitoyablement élaguées. Des arbres, des haies trop bordantes seront abattus.

Demandons le maintien en l’état et la sanctuarisation de ce tronçon par la classification en Espace Naturel Sensible (ENS) !


Ce projet est contestable :

1) sur le plan écologique

Ouvrir une voie fluviale sur un corridor de la trame verte et bleue, décrit par les auteurs de l’étude comme un écrin de verdure et de biodiversité est un non-sens et d’une grande incohérence par rapport au SRCE (Schéma Régional de Cohérence Ecologique). Le risque de pollution de l’eau, les nuisances sonores du trafic, l’abattage des arbres, leur élagage par dessus le canal vont dégrader ce corridor, cordon vert traversant un vaste espace de grandes cultures sans arbres. Les mesures de compensation éventuelles ne sont pas envisagées.

Le gros chantier d’imperméabilisation, en plus de la dégradation de la ripisylve et de la structure douce des rives, impose des mesures correctives aléatoires pour maintenir les zones humides ou la recharge de la nappe.

La digue Ouest a déjà largement contribué à l’abattage des arbres lors de la construction de la piste de la Vélo route européenne 15 dite du Rhin en 2010.Un nouveau massacre se profile avec élagage de toutes les branches gênant la navigation, destruction de haies bordantes et abattage d’arbres dont le nombre n’a pas été évalué ni cartographié. Il en ressortira un profond appauvrissement du paysage.

(un réensauvagement en sursis)

2) sur le plan économique, le bilan est spéculatif et peu détaillé dans les documents accessibles au public.

En moins de 10 ans le coût d’investissement a plus que doublé passant de 20 à 46 M€ hors taxes. Les frais de fonctionnement sont estimés à 0,25 M€ en 2021, en 2014 : 0,5M€, cherchez l’erreur.

Le coût du maintien en l’état n’est pas précisé.

On espère un trafic de 5800 bateaux par an. Calculs qui paraissent hasardeux.

Les retombées économiques spéculées sont de 6M€/an, soit avec un trafic de 5800 passages/an, un seul passage sur les 24 km devrait donc rapporter plus de 1000€.

Aucun chef d’entreprise n’accepterait cette prise de risque.

3) sur le plan climatique

La mise en œuvre d’un rideau de palplanches en fer sur 24 km, l’augmentation de la flottille de bateaux en plastiques à construire, ne sont pas évaluées par un bilan des émissions de GES, comme soulignée par la MRAE.

4) L’utilisation des fonds européens (FEADER) :

Ce fond européen agricole pour le développement rural (FEADER) est dévoyé !

5) sur le plan de la santé publique

Le développement d’un réseau de pistes cyclables aurait été bien plus bénéfique.

6) A qui profite ce chantier

-> aux aménageurs, constructeurs de bateaux, et une minorité de plaisanciers dont on comprend l’impatience

(bief 74)

En Conclusion, un projet d’autre temps ;

Les urgences ne sont-elles pas ailleurs, en l’occurrence l’effondrement de la biodiversité, crise climatique qui s’annonce ?
En 2024 le paradigme a changé, nos politiques sont en retard.

Avec 45 M€ on aurait par exemple 2 options d’investissement :
climatique : 900 km de pistes cyclables en milieu rural.
biodiversité : nos deux Zones Natura du Ried de Colmar et de la Hardt agricole sont des désastres écologiques (parole d’experts de la LPO). On pourrait accompagner une transition vers l’agro-écologie avec 1000 ha de prairies pendant 50 ans. Il n’est pas certain que l’effondrement de l’entomofaune permette encore cette transition dans quelques années. Il y a urgence !


Avis de Serge Dumont, l’Universitaire, plongeur, cinéaste alsacien, explorateur d’eau douce

La réponse de Serge Dumont interrogé sur le bien fondé du projet :

« … il est évident que les dégâts seront considérables et irrémédiables, je ne comprends pas ce projet qui va à l’encontre des objectifs de protection de la biodiversité. On œuvre pour créer des trames vertes et bleues et on en sacrifie une de 24 km »

Serge Dumont analyse par ailleurs la situation du Bouvière, un poisson en danger en Alsace auquel il s’est intéressé :

« Voilà les images, elles datent de 2008 mais le milieu n’a pas beaucoup changé, je ne suis pas sûr que les bouvières soient toujours là, mais l’étude d’impact doit donner cette information.

Le milieu vaseux avec un courant faible convient bien aux bouvières, des petits poissons avec un liseré bleu le long du corps, les arbres de la ripisylve permettent d’éviter le réchauffement de l’eau et les anodontes qui vivent dans la vase servent de gîtes pour les pontes puisque les femelles bouvières pondent leurs œufs dans le siphon inhalant des anodontes grâce à un ovipositeur. »

(Anodontes – ©Serge Dumont)

« Les arbres tombés dans l’eau sont des abris contre les prédateurs comme les cormorans, ils servent aussi de supports pour les invertébrés comme les éponges, cela permet aussi aux plantes de se développer dans des zones à moindre courant. Mais les arbres immergés ont aussi une action d’augmentation du courant à certains endroits ce qui dégage des bancs de graviers nécessaires à d’autres espèces. »

(Les éponges – ©Serge Dumont)

« On comprend que le creusement du canal et l’enlèvement des arbres immergés pour la navigation condamne irrémédiablement les milieux et les espèces citées.

Les bouvières (Rhodeus amarus | (Bloch, 1782)) sont sur la liste rouge des espèces en danger en Alsace et sur la liste rouge nationale. Annexe II de la directive européenne habitats. Annexe III de la Convention de Berne.

Bien à vous, Serge Dumont »

(© Serge Dumont)

Pétition en ligne contre ce projet de réaménagement du Canal du Rhône au Rhin : ICI


Point presse :

Rue89 14/04/2024 : 46 millions d’euros pour rouvrir un canal alsacien aux bateaux de plaisance. La Région Grand Est pilote un projet de remise en navigation du canal du Rhône au Rhin sur 24,5 kilomètres, entre Friesenheim et Artzenheim. Elle espère, à terme, 5 800 bateaux touristiques par an sur cet itinéraire […]

Rue89 14/04/2024 : En Alsace centrale, des écologistes déplorent l’artificialisation d’un refuge de la biodiversité.
Depuis les années 60, le canal du Rhône au Rhin est fermé à la navigation entre Friesenheim et Artzenheim. Une nature foisonnante s’est installée sur cette voie d’eau abandonnée, mais elle risque d’être ébranlée par la remise en navigation du tronçon. […]

16 Responses

  1. Un projet écocide , climaticide de faible intensité certes , s’il y avait une échelle d’intensité.
    Socialement injuste profitant à une minorité , alors qu’aucun autre plan n’est budgété pour une autre minorité mais bien plus nombreuse : les cyclistes de la vélo route européenne 15 qui roulent sur la digue ouest .
    Ceux ci ne profiteront plus de l’ombre des arbres qui seront abattus sur la berge suite au rehaussement du niveau d’eau .
    Des arbres de la ripisylve seront gravement menacés par la tranchée de 5m50 de profond pour imperméabiliser la digue ouest.
    Le paysage en sera impacté et perdra de son attrait .
    Les branches qui ombragent le plan d’eau et qui seront élaguées pour permettre la naviagation, nerafraichiront plus l’eau en été : menaces pour les poissons ..

  2. Projet écocide à STOPPER d’urgence. Ce tronçon du canal du Rhône au Rhin est le plus beau, le plus sauvage avec une grande biodiversité (espèces protégées comme le martin pêcheur, arbres remarquables, grands arbres, batracien, insectes, flore,.. .) et il faut ABSOLUMENT le laisser dans cet état et le sauvegarder pour les générations futures. Tous les cyclistes qui empruntent ce tronçon sont subjugués par sa beauté et il faut préserver son caractère sauvage. C’est clairement du gaspillage de l’argent public !!! Tout cela pour quelques plaisanciers !!! Il faut investir ces 46,6 M€ dans des projets beaucoup plus utiles et prioritaires à une majorité de nos concitoyens. Nos élus (heureusement pas tous) sont hors sol et déconnectés de la réalité des territoires !! Comment peuvent-ils justifier ce projet aberrant alors qu’il y a vraiment d’autres priorités ? Pourquoi les associations naturalistes (Alsace Nature, LPO, CSA/CEN,..), les associations de pêche, les clubs cyclistes, les clubs de randonnées, les simples citoyens et habitants du secteur restent-ils muets alors que ce projet est plus que contestable à beaucoup de niveaux. MOBILISONS NOUS RAPIDEMENT CONTRE CE PROJET.

  3. Et voilà, encore un de ces projets inappropriés-comme un stade de biathlon au Champ du Feu (porté par la CeA) et en contradiction totale avec toutes les déclarations d’élu-e-s qui parlent biodiversité, protection de l’environnement, arrêt du bétonnage, etc…. et proposent (en fausse contrepartie) des “compensations” de renaturation !!!!! Les “compensations” n’existent pas ou alors le mot est faussé. On bétonne là, on détruit là et on “promet” de ne pas toucher là !!!! C’est un marché de dupes, pas une compensation, un remplacement, un ….Aujourd’hui, les attaques de ces élu-e-s et technocrates n’arrêtent pas et sur tous les fronts. RESISTANCE !

  4. Une étude essentielle manquante dans le dossier de l’enquête et jamais faite :celle du scénario “on laisse en l’état” . On étudie avec les hydrogéologues la vétusté des digues , les points de fuites qui arrosent les zones humides en contrebas , qui elles rechargent la nappe phréatique . Combien de points ? Peut-on les maitriser aisément (par des “rustines “) ? Quel est le coût actuel de l’entretien ?
    Actuellement le système fonctionne bien: 1m3/sec fuient sur les 24 km ; au bout nord ,et sur le bief il coule encore 0,4m3/sec. Il reste par ailleurs une réserve non utilisée sur le “droit d’eau” du Rhin à l’entrée de Biesheim d’environ 1m3/sec(chiffre à confirmer , mais c’est certain il reste un droit d’eau conséquent) . Pourquoi l’étude de ce scénario n’a-t-il pas été réalisé ?

  5. Une autre étude , qui a été faite en 2018 , c’est celle de l’option hydroélectrique . On turbine aux écluses avec le 1,4m3 /sec, régulier , perannuel . Est -elle rentable ? Elle est en service sur le tronçon du canal entre Baldersheim et Neuf brisach sur quelques écluses. Pourquoi cette option refusée par les décideurs n’est -elle pas publique dans le dossier de l’enquête pour nous éclairer ?

  6. Fréquentation estimée : 5800 bateaux par an.
    Fréquence réelle constatée en 2023 à l’écluse de Boofzheim…….283 !!!! Cherchez l’erreur.
    Cette estimation complètement farfelue correspond bien à l’estimation du coût de ce projet : on va passer allègrement de 40M à……je n’ose même pas l’imaginer.
    Arrêtons ce massacre et investissons dans ce dont on a cruellement besoin : hôpital, éducation et sécurité.
    Si nos politiques étaient aussi perspicaces et réalistes que nous citoyens lambda du terrain, que du bonheur……

  7. J’ai envoyé mon avis à l’enquête publique, en gros avec les arguments que vous avez développés. La présentation du projet à travers des dossiers avec des titres peu explicites, et surtout la démarche pour émettre un avis, sont scandaleusement peu accessibles au citoyen. Si on voulait instaurer une véritable concertation citoyenne, on réfléchirait à l’accessibilité des informations et à la facilité d’expression des citoyens. Il aurait d’ailleurs fallu en amont qu’il y ait plus d’information dans la presse, et des rencontres entre élus porteurs du projet et citoyens concernés.

  8. Encore de l’argent public utilisé (dilapidé?) pour le bien d’une minorité. En tant qu’habitant de Wittisheim, j’aurais préféré garder cette belle piste cyclable dans la nature, c’est la plus belle partie du tronçon entre Bâle et Strasbourg… C’est une triste nouvelle que ce chantier qui est déjà quasiment enclenché. Merci pour le récapitulatif et les informations claires et précises sur ce projet.

  9. Aberrant! Pourquoi ne peut-on pas partager sur les réseaux sociaux… Avez-vous contacté Vakita et l’équipe de journalistes d’Hugo Clément pour mettre ce sujet en lumière? Ça urge. Merci

  10. Encore un projet économiquement contestable et risqué, encore de l’argent publique dépensé pour un usage futile et élitiste alors que tant de besoins nécessaires pour le grand nombre et urgents n’ont pas de financement. Mais il y a plus grave, la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité, nécessité vitale et incontestable pour atténuer la catastrophe environnementale qui avance, est une fois de plus oubliée, négligée, trahie. Bientôt la maison aura brulée alors qu’on regardait ailleurs.

  11. Non je suis pas d’accord du tout [avec ce projet] c’est nous qui payons pas la mairie ou le Bas-Rhin. Ça profite pas à nous un truc vraiment inutile. Il faudrait relancer des travaux dans la rue c’est tout. Ça on s’en fout ils ont le Rhin pour ça.

  12. absolument opposé à ce projet, ce n’est plus dans l’air du temps, la faune et la flore ont repris le dessus, nous nous devons de sauver notre planète qui est menacée et non de continuer à bétonner, de détruire ce que la nature a restitué. à qui servira ce canal inerte, à quelques navigateurs de plaisance des 3 pays ? la question est : à qui servira le crime ? qui se cache derrière ce projet ? une aberration sur le plan écologique. un référendum (comme en suisse) doit être organisé et non pas laisser la main libre à quelques élus passéistes ou bétonneurs
    est-ce le prochain scandale à la stocamine ?

  13. Pourquoi continuer à artificialiser notre monde , pourquoi détruire le peu de nature qui reste autour de nous ?Essayons de sanctuariser ce qui subsiste en résistant aux sirènes du tourisme. .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Post comment