[Canal du Rhône au Rhin] Courrier à la CEA pour demander à la collectivité alsacienne de renoncer à financer et à cautionner ce projet.

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Les collectifs et associations « Porte du ried nature », « Wittisheim vies et nature », « Collectif Le Chaudron des alternatives » ont écrit un courrier à La CEA début décembre 2024.

 

A Monsieur Frédéric Bierry, Président de la Collectivité européenne d’Alsace,

A Mesdames et Messieurs les conseiller.e.s d’Alsace,

 

Objet Projet de remise en navigation fluviale d’un tronçon du canal du Rhône au Rhin entre Friesenheim et Artzenheim.

 

La CeA s’est engagée politiquement et financièrement à accompagner et cofinancer, avec la Région Grand-Est (porteuse du projet) et les fonds européens du FEADER et du FEDER, le projet de remise en navigation fluviale du tronçon du canal du Rhône au Rhin, entre Friesenheim (67) et Artzenheim (68). (visionneuse p. 21)

Le coût prévisionnel total de ce projet est de 46 millions d’euros HT de fonds publics. La part revenant à la CeA est chiffrée à 4,6 millions (visionneuse p. 23 et 24)

Le coût global définitif du projet à l’horizon 2030 sera plus vraisemblablement de l’ordre de 55 à 60 millions. En effet ce prévisionnel date de 2020, donc avant la Covid, avant la forte inflation de ces derniers mois, avant que le chantier prenne un retard préjudiciable à son coût définitif (jugement suspensif du projet), avant la réduction des transferts financiers de l’Etat vers les Collectivités Territoriales.

Nous, les collectifs et associations Porte du ried nature, Wittisheim vies et nature, et le Chaudron des alternatives, demandons  à la collectivité alsacienne de renoncer à financer et à cautionner ce projet dépassé, car d’un autre temps, et  éthiquement choquant.

Pour quelles raisons ?

  • Un jugement émis récemment par le tribunal administratif de Strasbourg a suspendu les travaux peu après leur démarrage. Notre collectif a par ailleurs posé un recours en annulation de ce projet. Un engagement financier de la CeA avant que soient purgés tous les recours, et le projet possiblement annulé,  signifierait pour la population un gâchis de fonds publics incompréhensible.
  • Le montant dispendieux et choquant de ce projet dans le contexte social, économique et environnemental actuel. Nous disons NON à cette gabegie d’argent public.
  • Les buts du projet : permettre à une minorité de profiter d’un itinéraire touristique fluvial dans notre région, alors que la navigation fluviale selon Voies Navigables de France (VNF) est en baisse de fréquentation (visionneuse p. 57) depuis plusieurs années tant pour la plaisance, la location de bateaux et les péniches hôtels. (visionneuse p. 52 à 59)

Les fonds publics investis, de fait, bénéficieraient de surcroit au seul secteur privé, sans contre partie financière des plaisanciers et croisiéristes.

Espérer des retombées économiques suffisantes pour amortir le coût du projet en quelques années.

Maîtriser la recharge de la nappe phréatique au service d’un modèle d’agriculture qui questionne et pollue (Voir ICI et ICI.)

Relevons par ailleurs que Colmar (une impasse fluviale mais accessible via le Rhin) est LA ville de destination et d’intérêt qui justifierait en grande partie ce projet. Or son port fluvial est envasé et sa capacité d’accueil sans rapport avec la fréquentation escomptée. Le Canal de Colmar qui y mène est de moins en moins praticable car insuffisamment entretenu. 2 à 3 bateaux passent son écluse à la belle saison, aucun bateau quasiment à la morte saison. Parole d’éclusière ! De nouveaux investissements publics devraient être engagés sur ce tronçon de canal et au port de Colmar en cas de finalisation du projet.

Enfin relevons qu’un aller retour Strasbourg – Colmar nécessiterait environ 28h, pour franchir les 25 écluses et parcourir la distance.

  • Les retombées touristiques et économiques du projet : une fiction qui sert de caution économique et politique à la réalisation de ce projet ! La démarche marketing du porteur du projet, la RGE, est farfelue et mensongère. Une ‘’hypothèse’’ (sic) moyenne de 5800 bateaux par an nous est annoncée sur ce tronçon (visionneuse p. 53), alors que 2100 bateaux utilisent annuellement le canal de la Marne au Rhin (attraction locale du plan incliné d’Artzwiller exceptée), canal le plus fréquenté de la Région. La fréquentation des sections les plus attractives du canal du midi est elle d’environ 8000 bateaux…
    La flotte active de bateaux de plaisance naviguant  dans le Grand Est est de 1600 bateaux (source VNF). Quelle attractivité touristique, culturelle, historique attirerait une telle fréquentation sur ce nouveau tronçon de canal ?

Les bénéfices économiques (hypothétiques) escomptés par le porteur du projet sont déraisonnables : entre 6 et 8 millions d’euros par an au profit du territoire sont annoncés, soit environ 1400 € par passage de bateau !? Ce chiffrage est un projection de VNF (au lien d’intérêt fort à ce projet) associée aux ‘’hypothétiques’’ 5800 bateaux attendus. Aucune étude de marché ne confirme ces affirmations.

A contrario environ 100 000 cyclistes et cyclotouristes par an utilisent l’Eurovéloroute15 qui longe ce canal classé Trame verte et bleue…  Selon VNF un cyclotouriste empruntant un canal apporte environ 70€ par jour de retombées économiques, un plaisancier environ 30. Et il n’y a pas de zone de repos, ni de point d’eau, ni de zone de pique nique, ni de toilettes le long des 24 km du tronçon. La priorité pour les collectivités n’est-elle pas là ?

  • Ce tronçon de canal, Trame Verte et bleue que la collectivité régionale est pourtant censée protéger, est fermé à la navigation fluviale depuis 60 ans. Il s’est ré-ensauvagé depuis et se parcourt avec émerveillement en vélo ou à pied sur l’Eurovéloroute n°15 qui relie les sources du Rhin à la mer du Nord.

.       La dégradation considérable d’écosystèmes précieux : le projet va nuire considérablement aux écosystèmes précieux qui se sont développés spontanément : coupes d’arbres remarquables et section de leurs racines (visionneuse p. 38 à 45) pour imperméabiliser les berges, altérations de zones humides, dragage du fond du canal pour le rendre navigable, appauvrissement de la biodiversité… Cette voie d’eau et ses paysages apaisants et luxuriants (visionneuse p. 6 à 15) a la particularité et les atouts d’un biotope ré-ensauvagé, avec un équilibre écologique sensible et une quiétude pour la faune sauvage qui l’habite. Rendu à la nature, ce canal est aujourd’hui le refuge d’une riche biodiversité et d’espèces rares ou protégées vouées à une disparition rapide si le projet se concrétise. (visionneuse p. 49 à 50)

Nous disons NON à cette gabegie d’argent public.
Nous demandons à ce que ce canal soit laissé en l’état et classé en Espace Naturel Sensible comme la portion du canal qui va de Biesheim à Mulhouse.
Nous nous tenons à votre disposition pour vous rencontrer et échanger au sujet de ce projet.

Veuillez agréer l’expression de nos sincères salutations.

Portes du ried nature – Wittisheim vies et nature – Le Chaudron des Alternatives 

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