[Canal du Rhône au Rhin] Décryptage chiffré des éléments économiques et touristiques du projet (courrier adressé au Cotech, comité technique, par nos 3 associations et collectifs le 22.09.24)
[ Remarques :
– Le projet et sa controverse en quelques phrases sont expliqués sur le Flyer de notre précédente manifestation.
– Tous les articles de presse relatifs à ce sujet sont consultables sur l’onglet spécifique [Presse] de notre site internet.
– Soutenez-nous ! : Je souhaite SOUTENIR financièrement. Aidez-nous à couvrir nos frais juridiques pour la poursuite de nos actions en justice à l’encontre des irrégularités et manquements de ce projet. Nous avons engagé le Cabinet d’avocats Huglo-Lepage, spécialisé en droit de l’environnement. Les premières études et recours en préparation s’élèvent à plus de 6000€. Par votre contribution participative à prix libre à nos frais juridiques (supportés par l’association Porte du Ried Nature) vous participez à la sauvegarde de nos biens communs et d’une des rares trames vertes et bleues traversant l’Alsace du Sud au Nord.
– Soutenez-nous ! : JE SIGNE notre Pétition
– Pour plus de précisions : Décryptage chiffré des éléments économiques et touristiques du projet // Les informations relatives aux caractéristiques du projet // Les raisons de notre mobilisation et notre positionnement face aux promoteurs de ce projet ]
Remise en navigation du canal du Rhône au Rhin entre Artzenheim (68) et Friesenheim (67)
Le projet de la Région Grand Est déchiffré
Voies Navigables de France et la Région ont gonflé les chiffres du trafic et des retombées pour vendre leur projet.
Mesdames, Messieurs,
Vous êtes convié.e.s et allez probablement participer au Cotech (Comité technique) du 24 septembre portant sur la réouverture d’un tronçon du Canal du Rhône au Rhin renaturé depuis 60 ans, entre Artzenheim et Friesenheim. Projet chiffré en 2020 à 46 millions d’€ HT et qui atteindra à son terme probablement les 55 millions à 60 millions d’€ d’argent public.
Nous vous invitons ici à consulter et à prendre en considération, par respect du principe du contradictoire, le travail de déchiffrage que nos 3 collectifs et associations ont réalisé. Les données que nous énonçons, basées sur une analyse non intéressée, de bon sens, mathématiquement honnête, méritent d’être confrontées au discours officiel, strictement déclaratif, de M. Frédéric Pfliegersdoerffer, élu régional et pilote de ce projet.
Nous insistons particulièrement sur l’affichage par la région de retombées touristiques et économiques qui présentent toutes les caractéristiques d’une arnaque au coût faramineux pour les finances publiques.
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Notre analyse
5800 passages de bateaux / an, une moyenne entre les 4000 et 7900 projetés par VNF (Voies navigables de France), sur ce tronçon de 24 km du canal du Rhône au Rhin prévu après sa remise en service de la navigation.
C’est presque le triple de celui du canal de la Marne au Rhin, le plus fréquenté de la Région Grand Est (RGE) : 2100 en 2019 (source VNF). Le canal du midi, à l’attractivité touristique à nulle autre comparable, voit passer sur ses sections les plus fréquentées moins de 8000 bateaux par an.
Quelle sera l’attractivité spontanée pour ce canal, une fois dépouillé sur ses berges de très nombreux arbres ?
28 heures de trajet pour l’aller-retour Strasbourg – Colmar sont nécessaires pour franchir les 25 écluses, car le port de Colmar est une impasse fluviale…
L’activité plaisance s’érode (VNF 2018) . La population qui la pratique est vieillissante et appartient aux CSP aisées.
L’unique bateau promenade (le ”Napoléon”) sur le canal de Colmar a cessé son activité.
Les retombées économiques sont trop mirifiques pour être crédibles : 8 M€/an (Comité de Pilotage ou COPIL 2022). Chacun des 5800 passages devrait donc générer 1400 €/an !?
Les frais d’entretien et de fonctionnement sont estimés à 350.000€ / an (COPIL 2022) soit l’équivalent de 61€/par bateau pour franchir 24 km de canal. Les plaisanciers contribueront t’ils à la charge de cette gabegie financière ?
Non à ce fiasco économique ! Chacun des 5,5 millions d’habitants de la Région Grand Est va participer de sa poche à hauteur de 10€ à ce projet qui ne profitera qu’à une minorité de plaisanciers.
La recharge de la nappe, aussi visée par ce projet, fonctionne indépendamment de ce chantier gigantesque.
Une modélisation simplifiée : 1 m3 /sec fuit dans le canal soit 31 millions de m3 /an . Un hectare de maïs a besoin de 5000 à 10000 tonnes d’eau /saison. Donc 31.000.000/10.000 = 3100 ha à 6200 ha sont irrigables grâce aux fuites actuelles. On pourrait tripler le débit, sans ouvrir le bouchon d’Artzenheim, avec les droits d’eau non utilisés (6 m3/sec) à Biesheim.
Un espace à haute valeur environnementale à protéger impérativement
L’étude d’impact a recensé pas moins de :
78 espèces d’oiseaux nicheurs, migrateurs ou hivernants dont 46 sont protégées.
8 espèces d’amphibiens, 5 espèces de reptiles, 18 espèces de mammifères, 8 espèces de chauve-souris, 22 espèces de papillons, 26 espèces de libellules, 18 espèces de poissons, 6 espèces de mollusques d’eau douce, 7 espèces de flore patrimoniale.
Des alignements d’arbres formant des allées, non comptabilisés ni cartographiés, des tunnels végétaux par-dessus le canal, des embâcles, seront détruits.
Les incidences climatiques ne sont pas calculées
Elles sont multiples et non considérées. Un seul exemple : plus de 10 ha (25 km x 4 à 5 m de profond) de palplanches en acier seront implantés sur la berge Est. Combien de tonnes de GES seront émises ?
Il faut d’autres investissements, plus prioritaires, équitables, écologiques, responsables
Actuellement 100.000 cyclistes utilisent l’Eurovéloroute15 à hauteur de Sélestat (source : dossier enquête publique) et il n’y a pas un seul banc public ni point d’eau le long des 24 km du tronçon pour les accueillir ! Aucun point d’attractivité et de commodité pour les cyclistes.
Le cyclotouriste dépense en moyenne 70€/jour tandis que le plaisancier dépense 30€/jour (chiffres VNF et Ministère de la transition écologique)
Avec 46M € HT on peut dérouler des centaines de km de pistes cyclables en milieu rural, ombragées, sécurisées.
Depuis leur désignation, les sites Natura 2000 alentours se sont fortement dépréciés (perte des superficies en prairie et baisse de leur qualité) par manque de financement.
Le canal du Rhône au Rhin déclassé un axe majeur pour le maintien de la biodiversité
Le tronçon sud haut-rhinois du canal, entre Kunheim et Mulhouse, long de 36 km, est classé Espace Naturel Sensible, interdit à la navigation motorisée, recharge la nappe phréatique et produit de l’électricité. Il forme avec ce tronçon Nord un axe de 36 + 24 = 60 km de long.
Le canal doit rester ce corridor majeur de la trame verte et bleue, vital pour le maintien de la biodiversité dans la plaine d’Alsace. Classons-le, comme le tronçon Sud du Haut -Rhin, en Espace Naturel Sensible !
Pourquoi un scénario ”0” du « laisser en l’état » chiffré n’est-il pas présenté ?
Il est encore temps d’arrêter ce projet destructeur.
Laissons ce canal dans son écrin de nature, ne le dégradons plus
(annexe aux invités du cotech, document PDF photos)
Protégeons-le et gérons-le pour optimiser ses fonctions écologiques
Destinons-le aux promeneurs et promeneuses, cyclistes, naturalistes et pêcheurs.
Voilà le vrai projet réaliste et d’intérêt collectif.
Ne gaspillons pas notre argent à détruire notre environnement.
Des opposants au projet, citoyens et naturalistes, indépendants
Le Collectif Chaudron des alternatives – L’association Porte du Ried Nature – L’association Wittisheim Vies & Nature
Mesdames messieurs,
A lire vos arguments contre la réouverture du canal déclassé du Rhône au Rhin, vous naviguez en plein brouillard et vous n’hésitez pas à emmener vos “passagers” s’échouer sur les berges floues de la déraison et de la manipulation !
Tout d’abords quelques contre-vérités sur votre analyse :
Les chiffres :
– Fréquentation –
Le Canal de la Marne au Rhin dont vous citez un chiffre de 2100 passages (chiffre de VNF datant de 2019) alors qu’à hauteur d’Arzviller, il y a entre 6000 et 8000 passages annuels !!!
Pareil pour le Canal du midi ; vous restreignez le comptage aux écluses de Fonséranne, 8000 passages annuels, chiffre pêché au détour d’un article sur Internet… Cette échelle d’écluses est certes beaucoup citée de par son ingéniosité mais où ne passent des bateaux que lors des quotas horaires attribués qui limitent leur nombre alors que les plus gros de la fréquentation est ailleurs sur le tracé ! Entre 60000 et 80000 touristes/an fréquentent ce canal… A raison de 6 personnes en moyenne par bateau, on est à plus de 10000 passages !
Mais quelles voies navigables avez-vous déjà utilisé ? Sur quel vécu de plaisancier, batelier, navigateur, vous basez-vous pour argumenter votre opposition ?
– Les coûts…
Des cris d’orfraie pour les 46 millions €, que l’on entend plus pour les 80 millions budgétés pour les deux passes à poissons de Rhinau et de Markolsheim !!! Vous décrétez quels sont les bonnes et les mauvaises dépenses publiques… un peu prétentieux non ??? Les passes à poissons sont nécessaires et incontournables mais vous vous arroger le droit de répartir les bonnes et mauvaises consciences…
Toujours dans les chiffres, vous évoquez le “fiasco économique” avec 10€/habitant du Grand-Est pour le coût d’investissement… Déjà une petite erreur de calcul 46 millions/ 5,5million d’habitants = 8,4€/hab…. Même pas à la hauteur du don moyen individuel que vous empochez annuellement pour “chauffer le Chaudron”, alors que pour la rénovation du canal est un investissement unique !!!
En citant les retombées économiques, la différence entre ce que dépense un cyclotouriste (70€/j) et un plaisancier (30€/j) provient du coût de l’hébergement nécessairement en local. Le plaisancier en dispose sur son bateau ! Mais vous ignorez qu’un plaisancier dépense en plus entre 5000 et 10000€/an pour entretenir son bateau (en mécanique, électricité, literie, réparation de coque, etc…), ce qui se fait essentiellement en local !
– Les usages de ce canal :
Actuellement déclassé, mis à part quelques pêcheurs, il sert à tracer un piste cyclable qui ne disparaitra pas, bien au contraire. Vous avez l’art d’opposer les cycliste aux plaisanciers alors que ces derniers ont presque tous, équipé leur bateau de vélos ou font appel à des loueurs. Considérez-vous que les possesseurs de bateau sont des privilégiés qui ne respectent pas la nature? Qu’ils n’ont pas la moindre sensibilité écologique ? Fréquentant de nombreux fleuves et canaux d’Europe, j’observe la grande rigueur écologique des plaisanciers rencontrés…
Le “Napoléon” que vous citez, actuellement unique bateau-hotel naviguant sur le canal de Colmar passe devant mon nez plusieurs fois par semaine en été 2024, contrairement à ce vous affichez (= mensonge !). De plus ces bateaux-hôtels empruntent aussi le Rhin via l’écluse-Sud de Biesheim. Il va sans dire que le maillage envisagé avec la partie Nord permettra des échanges plus importants et ne condamne pas les usagers à un simple aller/retour Colmar-Strasbourg, comme évoqué !
Par ailleurs vous masquez volontairement, en citant “l’impasse fluviale de Colmar”, le fait que ce même tronçon vers Colmar est maillé avec le Rhin en partie Sud par l’écluse de Biesheim. Nombre de plaisanciers en provenance de Suisse, d’Allemagne et du Canal du Rhône au Rhin passant par Nieffer regrettent de devoir faire des tours et des détours pour rejoindre Colmar et Strasbourg, ce qui va à l’encontre de l’économie d’énergie.
-Le consensus écologique :
Oui, il existe… Les espèces animales et végétales relevés ne disparaissent pas avec ce projet. Il n’y est pas prévu non plus 24 Kms de palplanches – de la pure désinformation ! Des associations de protection de la nature ont accompagné les études et ont apporté maintes améliorations et exigences de protection, y compris et surtout lors des travaux envisagés. Personne ne vous a vu participer au projet lors de nombreuses réunions de concertation organisées par la Région Grand-Est pendant 3 ans. Ainsi, ayant refusé votre implication,vous vous posez en arbitre… Un droit divin ???
Le nombre d’arbre coupés pour les travaux que vous citez est un chiffre farfelu – faux, archi-faux – !!! Revoyez le projet !
Pour les usages hydrauliques, il va sans dire que les apports vers les zones humides et la nappe phréatique ne disparaitront pas, bien au contraire; c’est apports seront mieux contrôlés tout en réduisant les risques de rupture de digues par manque d’entretien !
Un canal navigable est toujours très fréquenté : On y pêche, on y circule, on y vit et on s’y instruit !!
Partout en Europe la populations est partie-prenante de la mise en valeur des voies d’eau, plus sobres et plus écologiques que toutes les autre voies de communication. Vous êtes à contresens de cet intérêt général !!!
Alors en conclusion, même si certains chiffres émanant des différentes études d’impact peuvent être amendés, ils ne sont plus de nature à remettre en cause le projet. Les informations que vous apportez sont incomplètes, parfois fausses, semant le doute et trompe le citoyen; ça suffit !!!
Ainsi donc, je constate qu’une fois de plus, une minorité de citoyens, qui s’arrogent le monopole de l’écologie, envisagent de bloquer un projet qui permet un plus grand partage de l’accès à l’eau ludique, qui touchera un plus grand nombre, renforçant ainsi la prise de conscience par tous de la nécessité de protéger l’eau !!! Vous manquez de crédibilité et votre action agit en sens inverse, par une appropriation restreinte de l’utilisation du canal très bien (appropriation usurpée très bien illustrée sur le site de Wittisheim Vies et Nature par un slogan “MON beau canal”).
J’ajouterais simplement que la rénovation de ce canal participe au sauvetage d’un patrimoine hydraulique dont vous n’êtes ni les dépositaires ni les gardiens !
“… mathématiquement honnête…” vous avez dit ?
Mais vu le dogmatisme qui vous anime, je n’espère pas vous convaincre de quoi que ce soit !!!
Bonjour
Désolé mais nous n’avons jamais été invité aux réunions de concertation organisées par la Région Grand Est(RGE) . Nous avons été informé par l’enquête publique(EP) d’avril 2024 dans laquelle nous avons puisé nos argumentaires chiffrés.Nos autres sources ont été les Copil et Cotech auxquels nous avons pu avoir accès par nos investigations. VNF publie également sur son site des brochures concernant la navigation de plaisance .
Le trafic de 2158 bateaux sur le canal de la Marne au Rhin est tiré de VNF et publié par le Copil de 2021.
VNF dans sa brochure de bateaux de location cite que dans la RGE la capacité d’accueil moyenne est de 2,6 personnes /bateau
La dépense moyenne journalière pour un plaisancier (30€) est tiré de VNF et celui du cyclotouriste(70€) de l’ADEME
Il est prévu selon le dossier de l’EP d’imperméabiliser la digue Est(24,5 km) par des palplanches +0,5 km sur la digue ouest du bief 74bis.Le compte parait juste.
Nous avons interrogé la Breisacher Fahrgast-Schiffahrt GmbH qui nous a affirmé ne plus exploiter la ligne Breisach-Colmar avec leur bateau promenade « le Napoléon »
De même l’éclusière de Horbourg nous a dit qu’il n’y avait que 2/3 bateaux qui passent en été et presque aucun en hiver. Témoignage de faible valeur de preuve, certes.
Nous maintenons l’affirmation que Colmar est une impasse fluviale.
Le budget prévu date de 2021 est de 46M€ en HT.On peut actualiser les chiffres et on se rapproche de 10€/habitant.
Nous nous exprimons en tant que citoyens qui s’interrogent sur l’usage de fonds publics ,naturalistes pour défendre la nature ,indépendants donc non financés,sauf pour le recours juridique que nous allons introduire . Calmement , fermement , le plus honnêtement que possible dans nos informations et analyses , nous nous opposons à ce projet .
A propos des arbres nous disons que la tranchée de 5 m de profond qui est prévue sur tout le linéaire des 24,5 km ,au travers de la piste cyclable existante sur la digue ouest va sectionner la racine des arbres bordants cette piste. Selon les différents experts que nous avons consulté la menace de leur dépérissement à terme est forte . Comptez le nombre d’arbres concernés et vous obtiendrez des centaines . Ces arbres dont certains sont remarquables sont de surcroit alignés sur certains tronçons. Cet enjeu est majeur dans ce projet .L’arrêté préfectoral a d’ailleurs limité , à titre expérimental, cette tranchée au plus des 50% du linéaire du bief 64 concerné par la phase 1 du projet. La mise en place des palplanches sur la digue Est impose l’abatage d’arbres non cartographiés et dont le nombre n’est pas chiffré.Nous considérons cet espace être à haute valeur environnementale et source d’aménités ,et les arbres y sont précieux .