Opposition, Documentation, et Pétition face à un projet de réaménagement (DESENSAUVAGEMENT) destiné à un trafic fluvial de plaisance SUR 24 KILOMETRES entre Artzenheim (68) et Friesenheim (67)

Un projet de remise en navigation touristique (bateaux de plaisance) du Canal du Rhône au Rhin lequel avait été réensauvagé depuis 60 ans ! Ils sont devenus fous !!! Arrêtons-les !
Encore plus de 46 millions d’euros d’argent public (budget prévisionnel, établi en 2020) dépensés honteusement par nos élu.e.s de la région, formaté.e.s à la croissance de la destruction de notre environnement, pour un projet qui sous couvert d’un discours verdoyant ne passe pourtant pas l’analyse et le décryptage qu’a pu en faire un lanceur d’alerte qui nous a contacté.
Le Chaudron des alternatives s’associe pleinement à la critique de ce projet et dénonce une nouvelle fois l’obscénité politique qui préside aux ravages continus de la nature et du vivant.
Nous vous partageons ici la PETITION EN LIGNE contre ce projet de réaménagement (désensauvagement destiné à un trafic fluvial de plaisance) sur 24 kilomètres entre Artzenheim (68) et Friesenheim (67), et dans la suite de cet article, les informations correspondantes à ce dossier. Merci pour votre lecture.
( DE : die ONLINE-PETITION ZU UNTERZEICHNEN )
Projet de réaménagement (désensauvagement) du tronçon du Canal du Rhône au Rhin pour y placer un trafic fluvial de plaisance – analyse (pdf, 29p.)
La « remise en navigation » du canal du Rhône au Rhin entre Artzenheim (68) et Friesenheim (67)
Un projet :
– sur un tronçon de 24 kilomètres (!) engendrant sur cette distance l’appauvrissement des sols, berges, mares, et tout écosystème alentour (par l’élargissement et le raclage du canal nécessaire au passage et croisement de bateaux de plaisance de 5 mètres de large)..
– sur un corridor de la trame verte et bleue (le C194)..
– le long de la piste cyclable européenne (la Vélo Route n°15 reliant les sources du Rhin à la mer du Nord)..
La Région Grand-Est nous emmène-t-elle en bateau ?
Pourquoi mettre un terme au ré-ensauvagement de ce canal ??

Creusé entre 1802 et 1832, utilisé pour le transport fluvial, le canal du Rhône au Rhin a cessé son activité commerciale et marchande dans les années 1960.
Peu à peu ses berges se sont arborées, en plus des arbres alignés plantés là pour offrir leur ombre aux haleurs.
Les arbres des deux rives tendent leurs branches par dessus le cours lent des eaux du canal. Les oiseaux, nombreux, 78 espèces répertoriées, transitent ou nichent dans ces milieux devenus favorables et calmes.
Des zones humides, qui sont de précieux milieux écologiques, se sont crées en contrebas des digues, alimentées par la perméabilité des digues qui laissent fuir l’eau.
Malgré ces fuites, l’alimentation en eau assurée essentiellement par une prise d’eau sur le Rhin à Biesheim permet un débit régulier, sans assec, à son aval au nord sur le bief 74.
Le retour des activités humaines
2000 : On envisage la réouverture à la navigation de plaisance afin de réunir Strasbourg à Colmar, sans être contraint de naviguer sur le grand canal d’Alsace. 8 écluses sur 11 sont réhabilitées par des vannes en acier. Puis le projet est arrêté.
2010 : La digue Ouest est bitumée et ouverte à la circulation cycliste de la Vélo route N°15 européenne.
2021 : Après de nouvelles études de faisabilité la Région Grand Est relance le projet de réouverture au trafic fluvial de plaisance.
2024, avril : Période de l’Enquête publique.
2024, avril : Lancement de la pétition en ligne contre ce projet de réaménagement (désensauvagement) de ce canal destiné à y placer un trafic fluvial de plaisance.
2024, mai : Phase 1 : selon le planning les travaux de «restauration» commenceraient sur les 2 biefs, N°64 & N°74, aux extrémités du tronçon.
-> début des travaux reporté (cf Presse, article du 14.06.24, consultable en bas de page)
2024, août : Démarrage des travaux de la Phase 1 à Artzenheim, tandis que la pétition contre le projet atteint les 2500 signatures.
2024, août : Lancement d’une riposte juridique envers les porteurs du projet.
2025-2028 (planning): Après une nouvelle étude environnementale, il est prévu que les travaux d’imperméabilisation se poursuivent sur les 23 km des biefs non traités.

Le grand chantier d’imperméabilisation des digues
Afin d’assurer la navigation de péniches hôtel ou de promenades il faut un tirant d’eau (profondeur) de 1m80.
Actuellement la profondeur varie entre 50cm et 1m50.
Ce rehaussement sera permis après la restauration des 3 écluses restantes (sur 11).
Mais par cette élévation de niveau les fuites seront plus importantes et risquent d’abaisser le débit suffisant à la navigation. Or les droits de prise d’eau sur le Rhin ne sont pas illimités. Décision a été d’imperméabiliser les digues par des palplanches en fer sur la digue Est, et une cloison imperméable de 5m50 de profond sous la piste cyclable, réalisée après une tranchée.
Effet secondaire de l’imperméabilisation qui serait ainsi mise en place, les zones humides que la Région veut préserver risquent de s’assécher. Qu’à cela ne tienne : on passera des tuyaux avec des vannes sous la digue pour irriguer les zones humides.
Impact sur la ripisylve (forêt bordante) :
- abattage d’arbres sur la rive Est ; section, par la tranchée, des racines des arbres de la digue Ouest ce qui va les fragiliser et les faire dépérir.
- sur les deux rives, les branches par dessus le canal qui font la magie des lieux seront impitoyablement élaguées. Des arbres, des haies trop bordantes seront abattus.
Demandons le maintien en l’état et la sanctuarisation de ce tronçon par la classification en Espace Naturel Sensible (ENS) !
Ce projet est contestable :
1) sur le plan écologique
Ouvrir une voie fluviale sur un corridor de la trame verte et bleue, décrit par les auteurs de l’étude comme un écrin de verdure et de biodiversité est un non-sens et d’une grande incohérence par rapport au SRCE (Schéma Régional de Cohérence Ecologique). Le risque de pollution de l’eau, les nuisances sonores du trafic, l’abattage des arbres, leur élagage par dessus le canal vont dégrader ce corridor, cordon vert traversant un vaste espace de grandes cultures sans arbres. Les mesures de compensation éventuelles ne sont pas envisagées.
Le gros chantier d’imperméabilisation, en plus de la dégradation de la ripisylve et de la structure douce des rives, impose des mesures correctives aléatoires pour maintenir les zones humides ou la recharge de la nappe.
La digue Ouest a déjà largement contribué à l’abattage des arbres lors de la construction de la piste de la Vélo route européenne 15 dite du Rhin en 2010.Un nouveau massacre se profile avec élagage de toutes les branches gênant la navigation, destruction de haies bordantes et abattage d’arbres dont le nombre n’a pas été évalué ni cartographié. Il en ressortira un profond appauvrissement du paysage.

2) sur le plan économique, le bilan est spéculatif et peu détaillé dans les documents accessibles au public.
En moins de 10 ans le coût d’investissement a plus que doublé passant de 20 à 46 M€ hors taxes. Les frais de fonctionnement sont estimés à 0,25 M€ en 2021, en 2014 : 0,5M€, cherchez l’erreur.
Le coût du maintien en l’état n’est pas précisé.
On espère un trafic de 5800 bateaux par an. Calculs qui paraissent hasardeux.
Les retombées économiques spéculées sont de 6M€/an, soit avec un trafic de 5800 passages/an, un seul passage sur les 24 km devrait donc rapporter plus de 1000€.
Aucun chef d’entreprise n’accepterait cette prise de risque.
3) sur le plan climatique
La mise en œuvre d’un rideau de palplanches en fer sur 24 km, l’augmentation de la flottille de bateaux en plastiques à construire, ne sont pas évaluées par un bilan des émissions de GES, comme soulignée par la MRAE.
4) L’utilisation des fonds européens (FEADER) :
Ce Fond Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) est dévoyé !
5) sur le plan de la santé publique
Le développement d’un réseau de pistes cyclables aurait été bien plus bénéfique.
6) A qui profite ce chantier ?
-> aux aménageurs, constructeurs de bateaux, et une minorité de plaisanciers dont on comprend l’impatience

En Conclusion, un projet d’un autre temps,
Les urgences ne sont-elles pas ailleurs, en l’occurrence l’effondrement de la biodiversité, ainsi que lacrise climatique qui s’annonce ?
En 2024 le paradigme a changé, nos politiques sont en retard.
Avec 45 M€ on aurait par exemple 2 options d’investissement :
– climatique : 900 km de pistes cyclables en milieu rural.
– biodiversité : nos deux Zones Natura du Ried de Colmar et de la Hardt agricole sont des désastres écologiques (parole d’experts de la LPO). On pourrait accompagner une transition vers l’agro-écologie avec 1000 ha de prairies pendant 50 ans. Il n’est pas certain que l’effondrement de l’entomofaune permette encore cette transition dans quelques années. Il y a urgence !
Avis de Serge Dumont, l’Universitaire, plongeur, cinéaste alsacien, explorateur d’eau douce
La réponse de Serge Dumont interrogé sur le bien fondé du projet :
« … il est évident que les dégâts seront considérables et irrémédiables, je ne comprends pas ce projet qui va à l’encontre des objectifs de protection de la biodiversité. On œuvre pour créer des trames vertes et bleues et on en sacrifie une de 24 km »
Serge Dumont analyse par ailleurs la situation du Bouvière, un poisson en danger en Alsace auquel il s’est intéressé :
« Voilà les images, elles datent de 2008 mais le milieu n’a pas beaucoup changé, je ne suis pas sûr que les bouvières soient toujours là, mais l’étude d’impact doit donner cette information.
Le milieu vaseux avec un courant faible convient bien aux bouvières, des petits poissons avec un liseré bleu le long du corps, les arbres de la ripisylve permettent d’éviter le réchauffement de l’eau et les anodontes qui vivent dans la vase servent de gîtes pour les pontes puisque les femelles bouvières pondent leurs œufs dans le siphon inhalant des anodontes grâce à un ovipositeur. »

« Les arbres tombés dans l’eau sont des abris contre les prédateurs comme les cormorans, ils servent aussi de supports pour les invertébrés comme les éponges, cela permet aussi aux plantes de se développer dans des zones à moindre courant. Mais les arbres immergés ont aussi une action d’augmentation du courant à certains endroits ce qui dégage des bancs de graviers nécessaires à d’autres espèces. »

« On comprend que le creusement du canal et l’enlèvement des arbres immergés pour la navigation condamne irrémédiablement les milieux et les espèces citées.
Les bouvières (Rhodeus amarus | (Bloch, 1782)) sont sur la liste rouge des espèces en danger en Alsace et sur la liste rouge nationale. Annexe II de la directive européenne habitats. Annexe III de la Convention de Berne.
Bien à vous, Serge Dumont »

16.09.2024 Soutien d’Hubert Ott député du Haut-Rhin


Vous pouvez retrouver sa lettre complète adressé à M Leroy président de la région Grand Est ICI .
Pétition en ligne contre ce projet de réaménagement (désensauvagement destiné à un trafic fluvial de plaisance sur 24 kilomètres entre Artzenheim et Friesenheim) ICI
Point presse :
Rue89 14/04/24 : 46 millions d’euros pour rouvrir un canal alsacien aux bateaux de plaisance. La Région Grand Est pilote un projet de remise en navigation du canal du Rhône au Rhin sur 24,5 kilomètres, entre Friesenheim et Artzenheim. Elle espère, à terme, 5 800 bateaux touristiques par an sur cet itinéraire […]
Rue89 14/04/24 : En Alsace centrale, des écologistes déplorent l’artificialisation d’un refuge de la biodiversité. Depuis les années 60, le canal du Rhône au Rhin est fermé à la navigation entre Friesenheim et Artzenheim. Une nature foisonnante s’est installée sur cette voie d’eau abandonnée, mais elle risque d’être ébranlée par la remise en navigation du tronçon. […]
TV2, Riedinfo du 19.04.24 – Reportage sur le Canal du Rhône au Rhin avec les promoteurs du projet.
DNA mardi 30/04/24, page Région, Navigation fluviale. Canal du Rhône au Rhin. Des remous avant les travaux. La remise en état fait des vagues. (à lire aussi sur DNA.fr en cliquant sur l’image ci-dessous).

DNA du dimanche 05/05/24 Canal du Rhône au Rhin. la biodiversité en danger, selon Serge Dumont :

TV – Réhabilitation du canal Rhône-Rhin sur 24,5 km (Emission Planète locale, BFM Alsace du 06.05.24) – Interview d’un citoyen lançant l’alerte face à ce projet – Durée : 8 min

France Bleu, 24.05.24 – « C’est un écocide » : la réouverture de la navigation fluviale sur le canal du Rhône au Rhin fait polémique
Alors que les travaux doivent débuter dans le courant du mois de juin, la réouverture de la navigation sur le canal du Rhône au Rhin fait débat. Les opposants pointent un « écocide ». Les porteurs du projet défendent le développement important du tourisme fluvial, un tourisme doux. […]
TV – JT France3 Région GrandEst, le 12/13 du 13.06.24 – Rénovation du canal du Rhône au Rhin : le projet qui fait des vagues
Entre Friesenheim et Artzenheim, la rénovation du canal du Rhône au Rhin ferait gagner plusieurs heures de trajet aux plaisanciers qui naviguent entre Strasbourg et Colmar. Mais certains riverains craignent l’impact écologique de travaux de rénovation sur un ces quelques kilomètres où la nature a depuis longtemps repris le dessus, et un coût disproportionné.
Dernières Nouvelles d’Alsace, 14.06.24 – Le tribunal administratif veut des précisions, les travaux de remise en navigation reportés
Quinze jours après l’avis favorable rendu par le commissaire enquêteur sur la remise en navigation du canal du Rhône au Rhin, le tribunal administratif sollicite des compléments d’informations. Le début des travaux, prévu ce 17 juin, est reporté. […]
DNA, 11.08.24 – Des tags contre la remise en état du Canal du Rhône au Rhin vers Artzenheim
Le long du tronçon de la piste cyclable entre Artzenheim et Colmar (VV 21 Itinéraire de la coulée verte) et qui longe le canal du Rhône au Rhin, le projet de réouverture de cette ancienne voie navigable pour développer le tourisme fluvial n’est pas du goût de tout le monde, à en juger par les nombreux messages écrits à la peinture sur la route même, sous les ponts et sur plusieurs ouvrages qui jalonnent le chemin.
On sait que des riverains et des associations de protection de l’environnement ont fait valoir leur opposition radicale à cette restauration qui, selon elles, constituerait un « non-sens écologique ».
France 3, JT 19/20 du 20.08.2024 : Interview sur site d’un membre du chaudron des alternatives, et de Monsieur Frédéric Pfliegersdorffer maire de Marckolsheim élu pilote du projet
Le Figaro avec AFP 26.08.2024 : Retrouver un avenir après 60 ans d’abandon : en Alsace, les travaux sur le canal Rhin Rhône démarrent et divisent : « Huit ans de travaux seront nécessaires pour rendre navigable le tronçon de 24 kilomètres entre Friesenheim (Bas-Rhin) et Artzenheim (Haut-Rhin). Les opposants soulignent l’impact du projet sur le milieu naturel ».
Good Planet 26.08.2024 : Les Alsaciens divisés sur la remise en navigation d’un vieux canal : « Abandonné durant plus de 60 ans, le canal reliant le Rhin au Rhône a vu débuter lundi des travaux de rénovation qui permettront le retour des péniches de tourisme sur une portion d’une vingtaine de kilomètres, au grand dam d’associations de défense des animaux qui alertent sur la mise en danger d’espèces protégées. »
L’Express par AFP le 26.08.2024 : » Les cyclistes fusent sur la populaire piste le long du canal. Au niveau de l’écluse 74, Francis Guth, porte-parole du collectif Le Chaudron des alternatives, fait sa dernière balade à vélo avant l’enclenchement de la première phase des longs travaux de rénovation, prévus pour durer huit ans. Tout ça ce sont des habitats qui vont être menacés, pointe M. Guth. Les travaux vont avoir un impact énorme sur la végétation, les espèces protégées et tout ce qui vit à côté de l’eau.«
Challenges, 26.08.24 : Les Alsaciens divisés sur la remise en navigation d’un vieux canal
BFM 26.08.2024 par AFP : Des habitats qui vont être menacés « Tout ça ce sont des habitats qui vont être menacés », pointe M. Guth. « Les travaux vont avoir un impact énorme sur la végétation, les espèces protégées et tout ce qui vit à côté de l’eau. »
L’Opinion 26.08.2024 par AFP : 43 millions d’euros. « Autant d’espèces protégées repérées comme vivant sur le tronçon de 24 kilomètres du canal entre Friesenheim (Bas-Rhin) et Artzenheim (Haut-Rhin) destiné à être rénové. »
MSN 26.08.2024 : « Les travaux vont avoir un impact énorme sur la végétation, les espèces protégées et tout ce qui vit à côté de l’eau. »
Bluewin.ch 27.08.2024 : « C’est une véritable gabégie d’argent public » Le budget des travaux est de 43 millions d’euros, partagé entre la région Grand-Est, VNF (Voies navigables de France), le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural), et les communes entre autres. Mais toutes les associations de défense de la nature ne sont pas convaincues.
TV – Reportage BFM Alsace 29.08.24 Les défenseurs de l’environnement préparent une riposte juridique au projet de remise en état du canal Rhône au Rhin
La remise en état du canal Rhône au Rhin à Artzenheim suscite la colère des associations de protection de l’environnement qui veulent déposer un recours en justice.
FranceInfo 30.08.24 « On peut imaginer ce que ça va devenir » : en Alsace, la réhabilitation du canal Rhin-Rhône ne fait pas l’unanimité
Le projet porté par la région Grand Est prévoit de réhabiliter 24 kilomètres de canal, avec une dizaine d’écluses, sur une portion laissée à l’abandon depuis une soixantaine d’années. […]
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